|
Avertissement :
le présent glossaire est un outil évolutif et amendable, destiné à forger un
langage commun de travail. Il peut dès lors être complété de manière
permanente, notamment par l'ajout de concepts nouveaux ou par l'amélioration
de l'intelligibilité et de la précision des définitions.
Lien :
Lexique de Jean-Claude LUGAN,
Professeur à l'Université des Sciences sociales de Toulouse,
Lexique systémique et
prospective [pdf],
Toulouse,
Conseil économique et social régional,
Section de prospective, 2006.
Individu ou
organisation qui interfère dans une action, un processus ou un système en y
participant activement de manière consciente ou inconsciente.
(Philippe
Bernoux définit l'acteur comme celui (individu ou groupe) qui participe à une
action et
qui a des intérêts communs pour cette action (La sociologie des organisations,
p. 166, Paris, Seuil, 1990).
Contextualisation
Les
aires de développement sont, avec les aires de coopération transrégionale et
transfrontalière (voir ces termes), une des trois composantes de la structure
territoriale (voir ce terme) du SDT (art. D.II.2.§2).
En outre dans le
contenu obligatoire des schémas de développement pluricommunaux, il est précisé
que la structure territoriale desdits schémas identifie et exprime
cartographiquement quatre éléments dont les aires de développement (art.D.II.6).
Définition
Territoire dont
les acteurs économiques, sociaux, culturels et institutionnels configurent une
trajectoire, tant au niveau de la vision que des actions, de développement
spécifique et priorisé dudit territoire pour un horizon donné.
Commentaire
Le
SDT les « identifie et exprime cartographiquement ». Il est précisé dans le même
article que le SDT peut identifier des projets de territoire (voir ce terme)
liés aux aires de développement (art.D.II.2.§3)[1]
Dans
l’article D.II.16. relatif à la hiérarchie et aux effets juridiques, il est
précisé que le SDT s’applique au plan de secteur ainsi qu’aux permis et CU n°2
portant sur une construction ou un équipement de service public ou communautaire
« qui figure dans le schéma de développement du territoire eu égard à son
rayonnement à l’échelle d’une aire de développement ».
Le
terme aire de développement est utilisé pour des échelles différentes (régionale
et supracommunale), l'hypothèse la plus vraisemblable est que le contenu est
différent et adapté à l’échelle territoriale visée.
La lecture des
débats ne fournit pas d’éléments qui permettent de cibler le contenu sur cette
base. De même le lexique, prévu au départ de la procédure, a été abandonné,
suite notamment à l’avis du Conseil d’Etat sur le projet de décret. Lors du
débat parlementaire des députés ont voulu, sans succès, le réintroduire par
amendement. Ce lexique tel que repris dans l’amendement ne définit pas les
aires. L’exposé des motifs ouvre une voie d’interprétation en introduisant une
forme de séquence entre pôles et aires : La structure territoriale du schéma
de développement du territoire identifie notamment les pôles dont découlent les
aires à différentes échelles (aire de coopération, bassins de vie,…), au sein
desquelles des coopérations et dynamiques peuvent se développer . Un lien
est établi entre pôle et aires de développement, ce qui renvoie à la notion de
pôle et de maillage, sauf à considérer un lien univoque entre un pôle et une
aire. Cette formulation laisse par ailleurs supposer que le champ du contenu des
aires peut être vaste et variable. Par ailleurs rien n’incite à ce que
l’entièreté du territoire régional soit couvert.
Il est à noter
que le CoDT adopté en 2014 lors de la législature précédente utilisait
l’expression aire d’aménagement et que le SDER adopté en 1999 aire de
coopération supracommunale.
Pour aller plus
loin
Deux
axes sont à explorer d’une part les avis émis par les acteurs lors des enquêtes
menées lors du projet de SDER de la législature précédente, d’autre part le
contenu du SDER (1999) au regard des aires et du lien que le SDER établit avec
le SDEC.
Contextualisation
Le
CoDT place les besoins au cœur de sa réflexion. Ils sont mentionnés comme suit
dans plusieurs articles qui plaident donc pour une approche explicative de la
notion de besoin :
Article D.I.1
§1er.
Le territoire de la Wallonie est un patrimoine commun de ses habitants.
L’objectif du Code
du Développement territorial, ci-après « le Code », est d’assurer un
développement durable et attractif du territoire.
Ce développement
rencontre ou anticipe de façon équilibrée les besoins sociaux,
économiques, démographiques, énergétiques, patrimoniaux, environnementaux et de
mobilité de la collectivité, en tenant compte, sans discrimination, des
dynamiques et des spécificités territoriales, ainsi que de la cohésion sociale.
Art. D.II.2
§1er. Le schéma
de développement du territoire définit la stratégie territoriale pour la
Wallonie sur la base d’une analyse contextuelle, à l’échelle régionale.
L’analyse
contextuelle comporte les principaux enjeux territoriaux, les perspectives et
les besoins en termes sociaux, économiques, démographiques, énergétiques,
patrimoniaux, environnementaux et de mobilité ainsi que les potentialités et les
contraintes du territoire.
Cette dernière
formulation est répétée plusieurs fois dans le texte. Les besoins sont
systématiquement associés à un qualificatif que l’on pourrait qualifier de
sectoriel.
Définition
Ensemble
des nécessités naturelles et sociales qui conditionnent la vie matérielle des
êtres humains vivant en société.
On distingue les
besoins naturels (se nourrir, se loger, se vêtir) des besoins sociaux et au sein
de ces derniers, les besoins individuels des besoins collectifs
[1].
Commentaire
En français, le
mot besoin exprime la nécessité, l'exigence en général, une situation pressante
ou un moment critique. Employé au pluriel, il signifie l'ensemble des éléments
nécessaires à l'être humain pour vivre et travailler
[2].
Comme l'écrit Claude Gautier, la réflexion sur le besoin conduit au lien
entre politique et éthique, entre ce qui relève du réalisable et ce qui renvoie
à l'horizon de sens par quoi s'exprime la finitude humaine
[3]
. André
Lalande précise à ce sujet que la conscience du besoin suppose en général la
connaissance de la fin poursuivie et des moyens qui permettront de l'atteindre.
Lalande insiste aussi sur la distinction entre désir et besoin, le second
relevant du nécessaire et du légitime
[4].
Par ailleurs, le besoin aurait un caractère objectif
[5].
La définition du
développement durable, telle que contenue dans le Rapport Brundtland insiste sur
la notion de besoin : un
développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité
des
générations futures de
répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de
« besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à
qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations
que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la
capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. (...)
La
Commission estime que la pauvreté généralisée n’est pas une fatalité. Or, la
misère est un mal en soi, et le développement durable signifie la satisfaction
des besoins élémentaires de tous et, pour chacun, la possibilité d’aspirer à une
vie meilleure. Un monde qui permet la pauvreté endémique sera toujours sujet aux
catastrophes écologiques et autres. Pour satisfaire les besoins essentiels, il
faut non seulement assurer la croissance économique dans les pays où la majorité
des habitants vivent dans la misère, mais encore faire en sorte que les plus
démunis puissent bénéficier de leur juste part des ressources qui permettent
cette croissance. L’existence de systèmes politiques garantissant la
participation populaire à la prise de décisions et une démocratie plus efficace
dans la prise de décisions internationales permettraient à cette justice de
naître
[6].
Par ailleurs,
dans le programme MEANS d'évaluation socio-économique des politiques publiques
de la Commission européenne, le besoin est défini comme un problème ou
difficulté qui affecte les publics concernés et que l'intervention publique vise
à résoudre ou à surmonter
[7].
Le sociologie
Patrice Duran, professeur à l’École normale supérieure de Paris-Saclay,
président du Conseil national de l'information statistique (CNIS), souligne le
caractère parfois trop sectoriel d’une approche par les besoins. On peut
interpréter cette remarque moins comme une injonction à se défaire de la notion
de « besoins » que comme un appel à développer une approche plus
conséquentialiste et systémique (évitant les cloisonnements et prenant en compte
les interdépendances) ; peut-être pourrait-on concevoir que la prospective
territoriale, qui prend précisément appui sur l’analyse systémique et travaille
– via ses « diagnostics territoriaux »- à révéler les interdépendances, à
développer un raisonnement en termes de conséquences (engageant ainsi à une
normalisation, une régulation), permet à l’aménagement du territoire de passer
progressivement d’une thérapeutique spatiale à une forme de médecine préventive
du territoire… identifiant précisément plus finement les besoins collectifs et
leurs évolutions
[8].
Branchement dans
un espace où l'on perçoit des solutions possibles à une équation ou à un
problème, ou encore la coexistence proliférante des futurs possibles.
(Isabelle
STENGERS dir. , D'une science à l'autre, Des concepts nomades, p. 18-19,
Paris, Seuil, 1987).
La redécouverte
du temps nous confère une responsabilité éthique. Du moins pouvons-nous
aujourd'hui éviter de subir comme un fardeau inévitable le poids de nos
histoires. D'autres bifurcations sont imaginables, accessibles au prix d'autres
fluctuations sur les chemins de l'humanité nombreuse de demain.
(Ilya
PRIGOGINE, La lecture du complexe, dans Le complexe de Léonard ou la
société de création, p. 74, Paris, C. Lattès, 1984).
Contre-courant de résistance à des tendances identifiées.
(Edgar MORIN, Pour une politique de
civilisation, p. 37, Paris, Arlea, 2002).
C'est
l'imprévisibilité potentielle (non calculable a priori) des comportements d'un
système qui caractérise sa complexité et non la multiplicité de ses
composants, ni même la diversité de leurs interrelations.
Ainsi, lorsque les
comportements du système sont pratiquement et exhaustivement dénombrables, on
est en présence d'un système compliqué ou hypercompliqué, dont un dénombrement
combinatoire pourrait permettre de décrire tous les comportements possibles et,
par là, de prédire son comportement effectif à chaque instant, dès que la règle
ou le programme qui les régit est connu.
Il y a complexité,
explique Edgar Morin, lorsque les différents éléments constituant le système
(l'économique, le politique, l'affectif, le mythologique, etc.) sont
inséparables et qu'il y a tissu interdépendant (complexus signifie
tissé ensemble), interactif et inter-rétroactif entre l'objet de la
connaissance et son contexte, les parties et le tout, les parties entre elles.
La complexité, c'est, de ce fait, le lien entre l'unité et la multiplicité.
(Edgar MORIN,
Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur, p. 37-39, Paris,
Seuil, 1999.
Voir aussi E. MORIN, La méthode, 1. La nature de la nature,
Paris, Seuil, 1977.
Serge DIEBOLD, Le petit lexique des termes de la
complexité, p. 1, www.mcxapc.org/lexique.htm. 16/01/03).
D |
Développement territorial |
Contextualisation
Depuis la fin des
années 1990, les idées d'aménagement du territoire et de développement local ont
fait progressivement place à celle de développement territorial (Conférence
permanente du Développement territorial, Schéma de Développement territorial,
etc.).
Définition
Le développement
territorial est un processus volontariste cherchant à accroître la
compétitivité, l'attractivité et la cohésion des territoires en impliquant les
acteurs dans le cadre d'actions co-construites, généralement transversales et
systémiques et souvent à forte dimension spatiale
[1].
Commentaire
Le concept de
développement lui-même doit être compris comme un accroissement de richesse
associé à l'amélioration des conditions de vie d'une population sur un
territoire
[2].
Jérôme Dunlop renvoie le terme à trois concepts distincts
[3].
D'abord, le processus de développement économique et social, qui constitue
l'amélioration générale des conditions de vie de la population, avec des
facteurs comme l'éducation, l'innovation ou l'amélioration des marchés, ensuite
l'état du développement humain qui renvoie au bien-être de la population, non
réductible à la richesse de la population (référence à l'IDH qui intègre la
santé, l'éducation, la longévité et le niveau de vie), enfin, le principe
éthique du développement durable, qui fait appel à la notion de besoin, de long
terme, de cohésion, ainsi que d'harmonie systémique. C'est dans cette
perspective que la CEMAT introduisait le concept de développement territorial
durable avec des objectifs comme la réduction des disparités, l'encouragement
d'un développement polycentrique équilibré, la mise en place de mesures pour
faire revivre des agglomérations en déclin, l'amélioration des réseaux de
transports et d'énergie, la protection de l'environnement naturel et bâti, la
participation de la population aux approches liées à l'aménagement du
territoire, etc.
[4]
Pour Guy Baudelle,
Catherine Guy et Bernadette Mérenne, la compétitivité d'un territoire est une
notion complexe qui combine des performances économiques (vis-à-vis de
l'extérieur mais aussi à l'interne) à un objectif du niveau de vie et du
bien-être social
[5].
Cette approche n'étant pas usuelle, il nous est apparu important non seulement
de faire explicitement référence à l'attractivité, liée selon les auteurs à la
compétitivité, mais aussi à la cohésion sociale.
Concernant ce
dernier concept, on se référera à la définition qu'en donne le Conseil de
l'Europe : la capacité d'une société à assurer le bien-être de tous ses
membres, en réduisant les disparités et en évitant la marginalisation, à gérer
les différences et les divisions, et à se donner les moyens d'assurer la
protection sociale de l'ensemble de ses membres
[6].
[6]
Nouvelle stratégie et Plan d’action du Conseil de l’Europe pour la
cohésion sociale approuvés par le Comité des Ministres du Conseil de
l’Europe le 7 Juillet 2010
http://www.coe.int/t/dg3/socialpolicies/socialcohesiondev/source/2010Strategie_PlanAction_CohesionSociale.pdf
Il s'agit de la définition qui a été valorisée par la
Direction interdépartementale de la Cohésion sociale du SPW et qui est
généralement admise en Région wallonne.
Démarche de
la pensée consistant à confronter des opinions, des assertions, des idées ou
des thèses logiquement contraires ou contradictoires et à montrer comment
elles sont liées en réalité par des relations de complémentarité, d'unité ou
d'identité.
(Serge
DIEBOLD, Le petit lexique des termes de la complexité, p. 2,
www.mcxapc.org/lexique.htm. 16/01/03).
Contextualisation
Définition
L’économie dite “résidentielle” est une des quatre formes d’économie locale
(formes possibles de création de valeur à l’échelle locale) identifiées par
Laurent Davezies : productive, publique, résidentielle et sociomédicale. Fondée
sur une acception monétaire de la base économique, l’économie résidentielle
élargit “la notion de moteur du développement, au-delà de la simple acception
productive marchande, à l’ensemble des revenus marchands et non-marchands qui
viennent irriguer l’économie des territoires”[1].
Elle se distingue ainsi de l’analyse économique classique qui est basée sur les
lieux de production traditionnels (usines, services, etc.). Elle peut se
combiner à l’économie productive (économie “productive-résidentielle”) ou s’y
substituer.
Son identification a notamment permis de mieux poser la distinction entre
“croissance locale” et “développement local”, soit, selon Laurent Davezies, de
“mieux comprendre pourquoi des territoires superbement compétitifs (à forte base
productice) pouvaient n’enregistrer que de très médiocres performances de
développement local (en termes de peuplement, de revenue, d’emploi ou de
chômage/pauvreté)”[2].
Commentaire
Le
fondement théorique de l’économie résidentielle réside dans les travaux déjà
anciens de la “théorie de la base” (Werner Sombart, 1916) abandonnés dans les
années 1980 et réhabilités notamment par Laurent Davezies. Selon ce dernier: “Formulée
initialement en termes de revenus venant, de l’extérieur, irriguer les économies
locales, la base économique des territoires a progressivement été assimilée à
leur « base exportatrice »mesurée en nombre d’emplois considérés comme «
basiques » car produisant localement des biens et des services vendus à
l’extérieur du territoire considéré. En bref, on passe d’une approche initiale
en termes de formation du revenu et de circulation monétaire à une approche
productive ricardienne qui pose la question macroéconomique locale dans les
mêmes termes que celle des nations. [Or] ce glissement d’une acception monétaire
de la base économique vers une autre, physique, mesurée par le nombre d’emploi
des secteurs « exportateurs » des villes n’a fait que brouiller, au fil des
années, la réalité des enjeux de développement des villes
[…].”[3]
L’INSEE utilise également l’expression “économie résidentielle”. Toutefois,
Laurent Davezies souligne que son acception diffère: “L’économie
résidentielle » de l’Insee s’exprime en nombre d’emplois « domestiques». Il
s’agit de l’ensemble des emplois qui répondraient localement à la demande des
ménages La théorie de la base est une approche des moteurs du développement
local par les revenus. Ce sont les revenus -dits « basiques »- qui viennent
irriguer les territoires et qui insufflent leur développement. Dans un deuxième
temps, c’est la circulation interne des revenus dans les territoires qui permet
le développement des emplois « domestiques » par le jeu de multiplicateurs
d’emploi et de revenu.
[…]
Bref, à l’Insee, l’économie résidentielle désigne des nombres d’emplois de
boulangers, commerçants ou médecins et, dans nos travaux, elle renvoie à des
montants monétaires de retraites ou de dépenses touristiques.”
Par ailleurs, bien que souvent employées indifféremment, une nuance existe
entre “économie résidentielle” et “économie présentielle”, expression forgée par
Christophe Terrier[4]
par l’introduction de la notion de “présence”:
l’économie résidentielle renvoie à l’offre territoriale non productive, publique
ou sociale (revenus des navetteurs, des retraités et des touristes), mesurée en
montant monétaires. L’économie présentielle renvoie plutôt à la demande
effective sur le territoire, à la consommation (en quelque sorte à la propension
locale à consommer) et permet d’approcher une mesure de la transformation de
revenus locaux en emplois domestiques
[5].
[1]
Laurent DAVEZIES, L'économie locale « résidentielle, in
Géographie, économie,société 2009/1 (Vol. 11), p. 47-53.
[4]
Chritophe TERRIER, Marguerite SYLVANDER, Abdel KHIATI, «En haute
saison touristique, la population présente double dans certains
départements » - Insee Première n°1050, novembre 2005
L'enjeu est ce
qu'un problème ou une tendance porte comme changements (pour son public cible
et non pour le problème ou la tendance), qu'ils soient positifs (opportunités)
ou négatifs (menaces).
Contextualisation
A l’article
D.II.3. du CoDT, il est expliqué que, en termes de procédure, « le schéma de
développement de l’espace régional est établi à l’initiative du Gouvernement
sur la base d’un diagnostic portant, notamment, sur l’évaluation prospective
des besoins et enjeux sociaux, démographiques, économiques,
énergétiques, patrimoniaux, environnementaux et de mobilité et sur l’analyse
des potentialités et des contraintes de fait du territoire de la Wallonie ». La
même formulation revient à plusieurs reprises dans le texte pour des documents
d’orientations à d’autres échelles.
Complémentairement, le Code fait, à de nombreuses occasions, référence à des
périmètres d’enjeu régional.
Définition
Un enjeu est, en
prospective, un élément clé de la réflexion qui interroge un objet sur son
présent et son futur mais aussi sur sa réalité en interaction avec
l’environnement. Il peut être défini comme une problématique
identifiée qui porte en elle un potentiel de changements, qu'ils soient positifs
(occasions) ou négatifs (risques) et qu'il est nécessaire de prendre en compte
pour construire une prospective (notamment les finalités d'une vision) et
déterminer une stratégie.
Commentaire
L’enjeu est donc
une question, souvent complexe et multidimensionnelle, posée au système par ceux
qui observent le comportement des variables, des objets et des configurations
prospectifs dans l’avenir. Il s’exprimera donc préférentiellement par rapport au
long terme. L'enjeu est identifié lorsque, du point de vue des acteurs qui s’en
saisissent, une nécessité d’agir (ou d’exprimer une volonté d’agir) se
manifeste. L’enjeu est ce qui, sur le terrain ou sur le champ de bataille, peut
être perdu ou gagné (ce qui est précisément « en jeu »).
Dans la mesure où
le CoDT y fait explicitement référence, l’identification des enjeux sociaux,
démographiques, économiques, énergétiques, patrimoniaux, environnementaux et
de mobilité permet d’inscrire le SDT dans une réflexion prospective, en leur
donnant ce potentiel à la fois questionnant et structurant : des questions
essentielles pour le développement territorial wallon qui appellent, dans une
phase de vision et de définition d’objectifs, des orientations, des réponses,
des options.
Le choix
d’associer les notions de besoins (voir
ce terme)
et d’enjeux, s’il prête quelque peu à confusion, appelle peut-être deux
précisions, voire un débat à ouvrir:
- un enjeu se
choisit, alors qu’un besoin se constate et se déduit d’éléments de constats et
de pressions. L’enjeu sera donc potentiellement plus « politique » puisqu’il
induit un choix stratégique, et le besoin plus « territorial »puisque fondé sur
une analyse de ce dernier comme celle que peut réaliser la CPDT
- un enjeu peut
fonder plusieurs objectifs et être rencontré par plusieurs types de stratégies,
ce qui confirme son caractère plus politique. Il est, en ce sens,
potentiellement plus ouvert qu’un besoin, que l’on déduit des potentialités ou
de contraintes territoriales, sans hiérarchie a priori.
Le mot
évolution recouvre deux types de transformations temporelles : les évolutions
discontinues, telles que les mutations ou changement de phase, sont perçues
plus imprévisibles dans leurs résultats que les évolutions "continues" de type
développement ou vieillissement. La "théorie des bifurcations" (qui interprète
une "continuité visible" par une "éventuelle discontinuité invisible" dont
l'évolution est rarement prévisible) permet peut-être de relier ces deux
conceptions.
(Serge DIEBOLD,
Le petit lexique.. p. 3).
Tendances en
germe, c'est-à-dire l'ensemble des "signes infimes par leurs dimensions
présentes mais immenses par leurs conséquences virtuelles". La plupart de ces
facteurs de changement, politiques, économiques, technologiques ou culturels
sont des variables à peine perceptibles aujourd'hui mais qui peuvent
constituer les tendances lourdes de demain.
(Pierre MASSE (1965) cité dans
Philippe GABILLIET, Savoir anticiper, Les outils pour maîtriser son futur,
p. 167, Issy-les-Moulineaux, ESF, 1999).
Contextualisation
Dans le cadre des
travaux prospectifs préparatoire au SDT, le concept de finalités a été mobilisé.
C’est un concept utile, comme on le verra ci-dessous, dans le processus
d’élaboration d’une vision prospective (collective). La finalité se distingue de
l’objectif, à vocation plus stratégique et plus mobilisatrice, en ce sens
qu’elle donne un cap de long terme à suivre.
Soulignons que ce
terme n’est pas mobilisé par le CoDT, au contraire de celui d’objectif (de
développement territorial) (voir ce terme). Il l’était par contre par le SDER.
La question des
finalités/des fins est essentielle en prospective. Pour Gaston Berger la
prospective procède de la distinction même entre moyens et fins (finalités) ;
lesquelles fins sont intrinsèquement liées aux valeurs (systèmes de valeurs)
[1].
Définition
Eléments
constitutifs et centraux d'une vision prospective, les finalités représentent
les buts ultimes et les principes idéaux de l'action collective.
Commentaire
Le concept de
finalité fait partie du registre du normatif et non de l'exploratoire. Il s'agit
de donner un sens choisi et un but partagé aux actions qui seront entreprises
ou, en l’occurrence, au schéma qui sera adopté et aux orientations stratégiques
qu’il donne au développement du territoire wallon. Ce terme est beaucoup plus
ambitieux que le terme d’« objectif » ou que celui de « but » par la balise
d'idéal à long terme qu’il propose.
Jan Aart Scholte
, professeur au Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation à
l'Université de Warwick estime que l'on peut distinguer cinq types d'idées
dans le concept de globalisation :
– la globalisation
peut signifier internationalisation, c'est-à-dire interaction et interdépendance
entre les pays ;
– la globalisation
peut être vue comme libéralisation, dans le sens d'un monde ouvert où circulent
les ressources, les gens, les marchandises, les capitaux, sans entraves,
contrôles ni barrières ;
– la globalisation
peut être comprise comme universalisation, ce qui signifie qu'un phénomène
serait dit global lorsque situé dans toutes les parties du monde ;
– la globalisation
peut être également être un synonyme de "westernalisation" ou d'américanisation,
dans le sens de l'extension du mode de vie de l'Ouest ou des Etats-Unis à
l'ensemble du monde, particulièrement la consommation ;
– la globalisation
peut être aussi identifiée à la déterritorialisation. Cela signifie que les
relations globales sont vues comme occupant un espace social qui transcende la
géographie territoriale. Pour Jan Scholte, il n'y a que cette dernière
conception qui rende la tendance qui touche le monde depuis la fin du XXème
siècle de manière différente que pour les périodes précédentes. Il n'était en
effet pas nécessaire d'appliquer un nouveau concept aux quatre autres sens qui
couvrent des phénomènes déjà anciens. Par contraste, la déterritorialisation est
sans précédent et, pour Jan Scholte, le concept de globalisation constitue un
terme adéquat pour décrire les nouvelles circonstances.
(Jan Aart SCHOLTE, Global
Civil Society : Changing the World ?, in CSGR Working Paper n°31/99,
p. 8, Coventry, University of Warwick,
Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation, mai 1999.
www.warwick.ac.uk/fac/soc/CSGR/wpapers/ - 14/02/02.
Voir aussi : Jan Aart SCHOLTE, Global Capitalisme and the State, dans
International Affairs, Juillet 1997, p. 427-452. www.mtholyoke.edu/acad/intrel/scholte.htm.
14/02/02. – Jan Aart SCHOLTE, Globalization : A critical Introduction,
Londres, Macmillan, 2000).
La
gouvernance est le processus selon lequel une organisation ou une société se
construit elle-même à partir de ses acteurs. Dès lors, les dynamiques de
communication et de contrôle démocratique sont centraux dans le processus au
profit d'un dialogue renouvelé
.
(D'après
James ROSENAU, Along the Domestic Frontier, Exploring Governance in a
Turbulent World, p. 145sv, Cambridge University Press, 1997).
L'historicité
est la prise en compte, comme outil de connaissance, du processus historique,
et donc des relations qu'entretient le présent avec le passé.
Manière de
considérer globalement une totalité au lieu de la considérer comme un
assemblage de parties. Le postulat est que le tout a des propriétés
irréductibles à la somme des propriétés de ses parties.
(Serge DIEBOLD,
Le petit lexique… p. 4).
I |
Intelligence territoriale |
Ensemble des outils et
méthodes d'analyse dont dispose un territoire pour assurer son développement,
sa gouvernance ainsi que son pilotage.
Ce concept correspond bien
au foisonnement interdisciplinaire que l'on retrouve dans de nombreuses
initiatives. Ainsi, le projet "Knowledge Regions 2" Regstrat, piloté par
Steinbeis Europa à Stuttgart, fait dialoguer l'évaluation, la prospective et le
Technology Assessment sous le nom de Strategic Policy Intelligence. De même, la
Mutual Learning Platform mise en place par trois directions générales de la
Commission européenne (DG Recherche, DG Entreprises et DG Politique régionale)
en collaboration avec le Comité des Régions, met autour de la table des experts
en prospective, benchmarking et Regional Profiling. On pourrait encore citer le
Réseau européen d'Intelligence territoriale (REIT) qui, lui, valorise les
systèmes d'Information géographique (SIG) ainsi que les diagnostics
territoriaux.
Si le concept d'Intelligence
territoriale reste assez large, on peut dire qu'on y retrouve généralement
quatre ingrédients :
– une organisation
mutualisée d'acteurs qui forme un réseau implanté sur le territoire ;
– un processus de travail
basé sur la collecte, l'échange ainsi que le traitement d'informations et de
connaissances ;
– une attention particulière
portée au développement durable et à l'attractivité des territoires ;
– un travail collectif,
impliquant les parties prenantes du territoire.
On le voit, la prospective
territoriale ne constitue pas le seul outil d’intelligence territoriale. Mais,
comme outil interdisciplinaire, elle occupe à notre avis, une place centrale
dans ces dispositifs. Peut-être aussi parce qu'elle fait largement appel aux
"sciences régionales".
Dans un
ensemble ou un système quelconque, le jeu consiste en des marges de manœuvre
possibles qui évitent une rigidité excessive au système. Plus un système est
complexe, plus il est caractérisé par du jeu, c'est-à-dire au fond de
l'incertitude.
(Jean-Claude LUGAN, Lexique
systémique et prospective, p. 51, Toulouse, Conseil économique et social de
Midi-Pyrénées, 2006).
Tableau
permettant d'organiser et d'ordonner des variables en lignes et en colonnes
afin de mesurer l'impact et le degré d'influence ou de dépendance que ces
variables exercent les unes sur les autres.
Contextualisation
Il
est commun de souligner la crise de l'idée de métropole dans les
évolutions de la mondialisation, de la régionalisation ainsi que dans les
dynamiques d'innovation, de créativité ainsi que de développement de la société
de la connaissance ou encore d'autres transitions énergétiques et écosystémiques.
Ces différentes articulations nous renvoient vers le concept de régions urbaines
mondiales (global city-regions) pour qualifier des métropoles fonctionnant
comme des moteurs économiques et reconfigurant les modalités du développement
des territoires
[1]
. Ces interrogations sont également au cœur du passage du SDER au SDT : un des
séminaires de la Plateforme d'Intelligence territoriale wallonne début 2017 a
évoqué les aires (péri)urbaines à ambitions métropolitaines. C'est bien la
métropolisation qui fabriquera les métropole du XXIème siècle.
Définition
Espace
urbain qui, tout en permettant la participation des acteurs aux processus
d'échelle mondiale, reste une société locale
[2]
.
Une
métropole constitue l'aboutissement par un territoire ayant atteint une masse
critique, d'une trajectoire et d'un processus de métropolisation (développement
de fonctions métropolitaines).
Pour aller plus
loin
Pierre VELTZ,
Mondialisation, villes et territoires, L'économie d'archipel, Paris, PuF,
2005.
Ludovic HALBERT,
Patricia CICILLE et Céline ROZENBLAT, Quelles métropoles en Europe ? Des
villes en réseau, Paris, DATAR - La Documentation française, 2012.
Ludovic HALBERT,
L’avantage métropolitain, Paris, PUF, 2010.
[1]
Ludovic HALBERT, Patricia CICILLE et Céline ROZENBLAT, Quelles
métropoles en Europe ? Des villes en réseau, p. 19, Paris, DATAR -
La Documentation française, 2012.
Contextualisation
Définition
Trajectoire et
processus de développement de facteurs et de concentration de valeurs permettant
à un territoire d'atteindre la masse critique des fonctions pour être connecté
et contribuer aux réseaux globaux.
Commentaire
Au XXIème siècle,
la métropolisation constitue moins une question de volume et de densité de
population, ou de dynamique d'urbanisation, que de connectivité matérielle et
immatérielle au monde et de concentration de valeur sur des aires urbaines
multiformes. Ainsi, les aires métropolitaines représentent des points
d'ancrage de l'économie globale, la métropolisation découlant de la
globalisation
[1].
Comme l'indiquait François Ascher, la métropolisation n'apparaît donc pas
simplement comme la croissance des grandes villes et la modification de leurs
formes. C'est un processus qui s'inscrit dans des transformations plus
fondamentales, qui est profondément dépendant de l'économie internationale et
des dynamiques des mutations sociétales
[2].
Ainsi, un rôle moteur et croissant est dévolu aux flux matériels et immatériels,
aux infrastructures et réseaux économiques et sociaux, comme autant de facteurs
de métropolisation
[3].
Les effets d'agglomération restent évidemment essentiels, y compris dans une
économie en dématérialisation
[4].
Le risque d'ailleurs est grand que les métropoles assurent la croissance, mais
sans développement
[5]
ou versent dans des phénomène de déséconomie d'agglomération
[6].
Car, au delà des dynamiques d'innovation qui sollicitent les capacités créatives
scientifiques, technologiques et artistiques
[7],
la métropolisation, est d'abord un défi économique et social, c'est une
transition
[8],
une transformation qui implique l'inscription dans la mondialisation -
européenne et globale -, l'échange de nos produits et services avec ceux qui
voudront bien les rémunérer, l'acquisition, aux meilleurs prix des produits et
services de qualité dont nous avons besoin
[9].
Pour aller plus
loin
Au-delà
de la nécessité d'identifier finement les facteurs de métropolisation ainsi que
le niveau de masse critique des fonctions métropolitaines, deux concepts restent
pertinents à approcher dans le cadre du SDT.
D'une part, celui
de métapole, cher à François Ascher, qui rend compte non seulement de
l'évolution des très grandes agglomérations de plusieurs centaines de milliers
voire de millions d'habitants, mais aussi des aires urbaines plus petites, ou
encore des réseaux de villes proches, qui présentent également ces
caractéristiques morphologiques et fonctionnelles d'étalement, de discontinuité,
d'hétérogénéité et de multipolarité
[10].
D'autre part,
celle de mégarégion et de la mise en place de géographies
interurbaines produisant une infrastructure socio-technique en faveur
d’une nouvelle économie politique globale, de nouveaux espaces culturels, et de
nouveaux réseaux sociaux
[11].
[10]
François ASCHER, Métropolisation, Concentration de valeur à
l'intérieur et autour des villes les plus importantes, dans J. LEVY
et M. LUSSAULT dir., Dictionnaire..., p. 612-615, Paris, Belin,
2003. - voir aussi Pierre VELTZ, Mondialisation, villes et
territoires, Paris, PuF, 2005. F. ASCHER, Métapolis ou l'avenir
des villes, Paris, Odile Jacob, 1995. - voir aussi Claude LACOUR et
Sylvette PUISSANT, La métropolisation : croissance, diversité,
fractures, Paris, Antropos, 1999. - Jean-Claude BURY, Métropoles
et structuration des territoires, Paris, DATAR, 2003.
Un paradigme est
la base de la manière de percevoir, de penser, de juger et d'agir qui est
associée à une vision particulière de la réalité
(1). Il s'agit donc d'une sorte de point de vue
subjectif à partir duquel l'individu s'informe du monde qui l'entoure et
l'informe à son tour rétroactivement. C'est donc à la fois un contenu et un
contenant, un résultat et un processus créateur
(2).
Les paradigmes, ce
sont les principes des principes, les quelques notions maîtresses, qui
contrôlent les esprits, qui commandent les théories, sans qu'on en soit
conscient nous-mêmes
(3).
((1) Willis
HARMAN, An incomplete Guide to the Future, San Francisco, San Francisco
Book Co, 1976, cité dans Marc LUYCKX GHISI,
Au delà de la modernité, du patriarcat et du capitalisme, La société réenchantée
?, p. 25, Paris-Montréal, L'Harmattan, 2001.
(2) Selon Edgar Morin, dans Serge DIEBOLD, Le petit lexique… p. 7. –
Edgar MORIN, La Méthode, L'humanité de l'humanité,
L'identité humaine, p. 284-285, Paris, Seuil, 2001.
(3) Edgar MORIN et Jean-Louis LE MOIGNE, L'intelligence de la complexité,
p. 40, Paris-Montréal, L'Harmattan, 1999).
La
préactivité est l'attitude qui consiste à se préparer aux changements
prévisibles.
Activité intellectuelle de formation d'opinions sérieuses
et étudiées sur l'avenir, mais dont la vérification est incertaine.
(D'après Bertrand de JOUVENEL, L'art de la
conjecture, Paris, SEDES, 1964,
cité dans François HETMAN, Le langage de la prévision,
The language of Forecasting, p. 174, Paris, Futuribles, SEDES, 1969).
La
proactivité est l'attitude qui consiste à anticiper le changement, voire à le
provoquer.
Le problème peut
être défini comme l'état de tension entre les fins poursuivies et l'image de
l'environnement, en d'autres termes comme l'état de tension entre la situation
voulue et la situation perçue.
(Pierre GONOD, L'amont de la
prospective territoriale, p. 5, septembre 2001).
Ensemble des
questions qu'un chercheur se pose sur les objets ou phénomènes qu'il a choisi
d'étudier et des réponses hypothétiques qu'il va mettre à l'épreuve d'une
vérification méthodique.
(Serge DIEBOLD,
Le petit lexique… p. 7).
Le processus est
une séquence de phénomènes dynamiques en mouvement. C'est tout changement dans
le temps de matière, d'énergie ou d'information qui se produit dans le
système, traitant ces variables d'entrée
(input) et
les menant aux variables de sortie (output).
(Jean-William
LAPIERRE, L'analyse des systèmes, L'application aux sciences sociales,
Paris, Syros, 1992. cité dans
Pierre GONOD, Dynamique des systèmes et méthodes prospectives, coll.
Travaux et recherches de prospective, n°2, p. 39, Paris,
Futuribles International, LIPS, DATAR, 1996. – Serge DIEBOLD, Le petit
lexique… p. 7).
La
prospective est une démarche indépendante, dialectique et rigoureuse, menée de
manière transdisciplinaire et collective. La prospective est destinée à
éclairer les questions du présent et de l'avenir, d'une part en les
considérant dans leur cadre systémique et complexe et, d'autre part, en les
inscrivant dans la temporalité.
Exploratoire,
la prospective permet de déceler les tendances d'évolution, d'identifier les
continuités, les ruptures et les bifurcations des variables (acteurs et
facteurs) de l'environnement, ainsi que de déterminer l'éventail des futurs
possibles.
Normative, la
prospective permet de construire des visions de futurs souhaitables, d'élaborer
des stratégies collectives et des logiques d'intervention possibles et, dès
lors, d'améliorer la qualité des décisions à prendre.
Le produit d'un
exercice de prospective est double. D'une part, la démarche prospective
constitue un processus interactif d'intelligence collective et de mobilisation
des acteurs : ce processus crée du consensus et donne du sens à l'action qui
sera entreprise, notamment au travers de l'identification des enjeux communs et
de la construction d'une vision partagée. D'autre part, la prospective se doit
de déboucher sur une phase stratégique qui va élaborer des réponses précises aux
enjeux de long terme identifiés et permettre de construire un programme
d'actions potentiellement capable d'atteindre la vision. Pour être crédible, ce
programme devra être aussi précis que possible, rencontrer toutes les
contraintes qui pourraient lui être opposées, préciser les opérateurs ainsi que
les moyens des actions à mener, en tenant particulièrement compte des choix
budgétaires. Ce programme devra également intégrer le pilotage et le suivi de la
mise en œuvre, ainsi que l'évaluation du processus et des produits de
l'exercice.
P |
Prospective territoriale |
On appelle
"prospective territoriale", l'application de la prospective aux territoires,
qu'ils soient institutionnalisés ou non, et quelle qu'en soit leur taille.
Toutefois, dans la terminologie européenne, on oppose le Regional Foresight
(la prospective régionale, territoriale) au National Foresight (la prospective
nationale). La dimension régionale est alors comprise au sens large, ainsi que
le fait par exemple le Comité des Régions, lui qui couvre l'éventail complet
des activités exercées par les autorités locales et régionales dans l'Union
européenne.
Les concepts de
territoire ou de région intègrent donc l'ensemble des espaces décrits dans la
Nomenclature des Unités territoriales statistiques, développée par Eurostat en
1961 : régions britanniques et belges ou Länders (NUTS 1), régions françaises,
Counties, ou provinces belges (NUTS 2), arrondissements, départements ou kreise
(NUTS 3) ainsi que les anciens NUTS 4 et 5, les Unités administratives locales,
prenant en compte les 112.000 municipalités de l'Europe des 25 (LAU 2) ou des
espaces administratifs de niveau supérieur (LAU 1). Ainsi, la prospective
territoriale couvre des niveaux à la fois régionaux et infra-régionaux.
Dans le cadre
d'exercices transfrontaliers ou interregionaux, la prospective territoriale peut
aussi porter sur des espaces supra-régionaux ou même hybrides, impliquant des
régions à statuts différents ainsi que des Etats nationaux (cfr. Vision 2020 de
la Grande Région). Loin de se limiter à des cadres administratifs ou politiques
existant, la prospective territoriale peut aussi se déployer autour de tout
système régional ou local d'acteurs ou de toute initiative citoyenne structurée.
Alors que la
mondialisation impacte les territoires et que ceux-ci se donnent des horizons
spatiaux élargis, la prospective est devenue un outil majeur de la gouvernance
des territoires, notamment grâce à ses vertus de pédagogie, d'apprentissage
organisationnel et sociétal, ainsi qu’à son potentiel lui permettant
d'appréhender le développement durable.
La réactivité
est l'attitude qui consiste à réagir à des sollicitations (stimuli)
extérieures et à s'adapter aux situations qui se présentent.
Ensemble de
valeurs, de notions, de pratiques qui orientes les acteurs dans leur
stratégie, leurs actions, leur environnement et qui permet leur communication.
Cet ensemble
peut-être considéré comme un système car ces valeurs, ces notions, ces pratiques
sont dans un état d'interaction et de congruence. Elles se renforcent les unes
les autres.
Jean-Claude LUGAN, Lexique systémique et
prospective…, p. 75.
Un scénario est
un ensemble formé par la description d'une situation future et du cheminement
des événements qui permettent de passer de la situation d'origine à la
situation future.
On distingue en
fait deux grands types de scénarios :
– exploratoires : partant
des tendances passées et présentes et conduisant à des futurs vraisemblables,
– d'anticipation ou normatifs :
construits à partir d'images alternatives du futur, ils pourront être souhaités
ou au contraire redoutés. Ils sont conçus de manière rétroprojective.
(Michel GODET,
La boîte à outils de prospective stratégiquedoudoune moncler
uggs on sale
new jordans
, coll. Cahiers du LIPS,
n°5, p. 42, Paris, CNAM, avril 2000).
S |
Schéma de
Développement territorial pour la Wallonie |
Contextualisation
Le Schéma de
Développement territorial pour la Wallonie est un des quatre documents qui fixe
les objectifs de développement territorial, d'aménagement et d'urbanisme. Il
porte sur l'échelle wallonne. Son contenu est déterminé par l'article D.II.1 du
Code du Développement territorial. Il définit la stratégie territoriale pour la
Wallonie sur base d'une analyse contextuelle.
Définition
Le SDT comprend
un contenu obligatoire et un contenu facultatif :
D'une part, la
stratégie territoriale du schéma de développement du territoire définit :
1° les objectifs
régionaux de développement territorial et d’aménagement du territoire (voir
ce terme),
et la manière dont ils s’inscrivent dans le contexte suprarégional;
2° les principes
de mise en œuvre des objectifs, notamment ceux liés au renforcement des
centralités urbaines et rurales;
3° la structure
territoriale (voir
ce terme).
D'autre part, il
peut comporter les éléments suivants:
- des mesures de
gestion et de programmation relatives aux principes de mise en œuvre et à la
structure territoriale visée ci-dessus°;
2° identifier des
propositions de révision du plan de secteur;
3° identifier des
projets de territoire liés aux aires de coopération transrégionale et
transfrontalière et aux aires de développement (voir
ce terme).
Commentaire
Dans la boîte à
outils du développement territorial, le SDT est un document d'orientation. Comme
les autres schémas, il a une valeur indicative (CodT, D.II.16). Le CodT précise
que le SDT "s'applique aux plans de secteur, en ce compris la carte
d’affectation des sols, aux schémas et aux guides [...]". Il doit succéder
au SDER de 1999 dont le contenu et les principes restent en vigueur jusqu'à son
adoption définitive.
Pour aller plus
loin
Territoires
wallons,
n°5, Septembre 2010: Le SDER, Namur, conférence permanente du Développement
territorial, 127 p.
https://phd2050.wordpress.com/2014/01/21/les-mots-pour-le-dire-sder-et-autres-sraddt/
Contextualisation
L’article D.II.2
du CoDT définit le contenu de la structure territoriale que doit contenir le SDT.
Cette structure doit exprimer cartographiquement:
1° les pôles;
2° les aires de
coopération transrégionale et transfrontalière et les aires de développement;
3° les réseaux de
communication et de transports de fluides et d’énergie.
Cette structure
doit reprendre les sites reconnus en vertu de la loi sur la conservation de la
nature du 12 juillet 1973 et les liaisons écologiques adoptées par le
Gouvernement en tenant compte de leur valeur biologique et de leur continuité en
vue d’assurer un maillage écologique cohérent à l’échelle du territoire
régional.
On soulignera
encore que, dans son contenu facultatif, le SDT peut comporter des mesures de
gestion et de programmation relatives aux principes de mise en œuvre et à la
structure territoriale.
Dans le CoDT la
notion de structure territoriale revient dans le volet consacré aux schémas de
développement pluricommunaux et communaux avec des nuances liées à chaque
échelle, mais indiquant une cohérence de celles-ci et une approche dynamique du
concept de structure territoriale.
Description
L’aménagement du
territoire et, plus largement, le développement territorial, s’articulent sur la
trilogie pôles-axes-aires et sur les relations entre ces dimensions. Certaines
d’entre elles font l’objet d’une définition par ailleurs. La structure
territoriale telle qu’elle est visée ici est donc à la fois descriptive et
dynamique - la notion d’aires de développement y incite fortement -. Comme le
rappelait le SDER, en 1999, dans toute démarche visant à organiser l'espace,
il faut identifier les éléments nécessaires à la structure, définir les
localisations optimales de ces éléments les uns par rapport aux autres et
établir les relations nécessaires entre ces éléments.[1]
Commentaires
On
notera l’évolution sémantique. Le SDER de 1999 ainsi que d’autres documents
parlent de structure spatiale ou d’organisation territoriale. Le CoDT a opté
pour une articulation des schémas à différentes échelles en nuançant les
« lignes de structures » qu’il souhaite voir apparaître, par exemple, la
structure paysagère évoquée à l’échelle pluricommunale.
On soulignera
ensuite, et c’est important, que le CoDT n’évoque à aucun moment une quelconque
hiérarchisation du territoire ou de ces composantes. Il plaide explicitement
pour une caractérisation des aires et, à certains endroits, des réseaux.
On pointera enfin
le fait que cette structure territoriale n’est pas explicitement connectée aux
découpages institutionnels ou à des frontières bien établies, ce qui donne une
grande liberté dans la mobilisation du concept.
Mise en harmonie acceptée
par l'adulte de ses valeurs individuelles avec celles, collectives, qui
servent de fondement à la vie sociale.
(Jérôme VIGNON, Vers une
ère nouvelle à l'aube du troisième millénaire, dans Jérôme VIGNON ea,
Questions pour le XXIème siècle, Des chrétiens s'interrogentmoncler outlet
moncler sale
, p. 21, Paris,
Fayard, 1999).
La stratégie
consiste en la définition, la coordination, la mise en œuvre et l’ajustement
des objectifs opérationnels, des cheminements ainsi que de l’ensemble des
actions et des moyens adéquats, destinés à atteindre les finalités d’une
organisation ou d’un territoire.
La systémique
est la discipline dont le projet est l'élaboration et le développement des
méthodes de modélisation des phénomènes perçus ou conçus complexes comme et
par un système en général.
(Serge DIEBOLD, Le petit
lexique… p. 10).
Ensemble
d'éléments en interactions tel que le tout est plus que la somme des parties.
Un système n'est pas la réalité mais un moyen de la regarder.
(P. DELATTRE, Système, structure, fonction,
évolution, essai d'analyse épistémologique, Paris, Maloine, 1985,
reproduit dans Michel GODET, Manuel de prospective stratégique, t.1; p.
69, Paris, Dunod, 1997).
La temporalité
est la relation complexe que le présent établit à la fois en direction de
l'amont et de l'aval, du passé et de l'avenir.
(Jean CHESNEAUX, Habiter le
temps, p. 18-19, Paris, Bayard, 1996).
Une tendance
est une transformation mesurable ou observable au sein d'un système donné,
et qui porte en germe les dynamiques et comportements futurs de ce système.
(Philippe
GABILLIET, Savoir anticiper, Les outils pour maîtriser son futur, p. 167,
Issy-les-Moulineaux, ESF, 1999).
Une tendance
lourde constitue un mouvement affectant un phénomène de façon suffisamment
significative et sur une période suffisamment longue pour que l'on puisse
prévoir son évolution dans le temps.
(Philippe
GABILLIET, Savoir anticiper…, p. 79).
De manière générale, on conçoit le territoire à la fois comme l'étendue
définie de l'espace ainsi que comme la collectivité humaine et politique qui
le peuple ou y exerce ses activités. Comme l'indique Roger Brunet, le
territoire tient à la projection sur un espace donné des structures
spécifiques d'un groupe humain, qui incluent le mode de découpage et de
gestion de l'espace.
( Roger BRUNET, Les mots de la géographie,
Dictionnaire critique, p. 480, Paris, La Documentation française, 1993.)
Contextualisation
Dans
le cadre du travail prospectif en amont du SDT, la Plateforme d'Intelligence
territoriale wallonne a été mobilisée pour identifier des enjeux de long terme
des territoires wallons. Les membres de la Plateforme ont dessiné des
configurations territoriales et ont tracé des trajectoires d'évolution possibles
de ces configurations à l'horizon 2040. Ces trajectoires et leurs alternatives
ont permis d'identifier des enjeux de long terme.
Définition
Utilisée
dans la méthode des bifurcations, la trajectoire constitue une évolution
possible modélisée d'un système, d'un sous-système (domaine) ou d'une ou
plusieurs variables, inscrite dans la longue durée rétroprospective ou
prospective.
Commentaire
La
prospective s'inspire de la géométrie et de la mécanique pour définir une
trajectoire comme la ligne décrite par le centre de gravité d'un corps en
mouvement. Ce centre de gravité peut être conçu comme le point
d’application de la résultante des forces de gravité ou de pesanteur (différent
du centre d’inertie).
Utiliser des
trajectoires, c'est rechercher des alternatives et les bifurcations pour les
faire exister, fondement même de la prospective. Cet exercice nécessite de la
créativité et donc de l'espace intellectuel, mais aussi de la rigueur critique.
Comme l'écrivait le professeur Jacques Lesourne, la prospective ne peut
s'épanouir que dans un pays où règne la liberté de s'exprimer. Dans la mesure où
elle considère que l'avenir est ouvert, elle ne peut exclure aucune trajectoire
plausible et ne peut être contrainte par aucun discours officiel, aucun
programme politique. Elle ne doit pas non plus se placer sur un terrain
polémique
[1].
Pour aller plus
loin
Jacques
LESOURNE, Les systèmes du destin, Paris, Dalloz Economie, 1976.
Marc BESSIN,
Claire BIDART et Michel GROSSETTI, Bifurcations, Les sciences sociales face
aux ruptures et à l'événement, Paris, La Découverte, 2010.
Les analyses sur
l'historicité et la temporalité peuvent également nourrir la conceptualisation
de la notion de trajectoire, notamment les trajectoires dans le temps,
pensées par Maxime Raymond-Dufour à partir des travaux d'Hartmut Rosa et de
Reinhart Kosselleck, comme courbes qui décrivent des objets (d'histoire)
lorsqu'ils sont placés dans le temps
[2].
La
transdisciplinarité se manifeste à la fois entre les disciplines, à
travers les différentes disciplines et au delà de toute discipline.
Elle a comme finalité la compréhension du monde présent, dont un des
impératifs est l'unité de la connaissance.
(La
transdisciplinarité, Manifeste, Editions du Rocher, 1996. cité dans Serge
DIEBOLD, Le petit lexique…p. 11).
Vision d'une
société idéalement organisée et gouvernée [qui ne tiendrait pas compte des
réalités].
Elément du système qui
exerce ou est susceptible d'exercer une influence sur le problème étudié et
dont il est anticipé la modification dans le futur.
Contextualisation
Dans le cadre des
travaux préparatoires relatifs au SDT, les chercheurs de la CPDT et les acteurs
de la Plateforme d'Intelligence territoriale wallonne ont été amené à
identifier, tant pour les thèmes qu'ils analysaient que pour les territoires
qu'ils connaissaient, des variables territorialement pertinentes. Cette
invitation à extraire de systèmes complexes des éléments-clés le composant
visait à pousser un premier jalon méthodologique du processus prospectif destiné
à appuyer le SDER.
Définition
Une variable est
un élément du système qui exerce ou est susceptible d'exercer une
influence sur le problème étudié
[1].
Commentaire
Une variable
n’est donc pas la réalité mais un moyen de la regarder, une représentation. La
notion de variable peut encore se distinguer entre acteur et facteur[1] ,
l’intérêt méthodologique étant surtout le rôle que cette variable exerce sur le
système et, donc, la nécessité de la comprendre, de la documenter et d’analyser
ses évolutions possibles.
Un document de
travail destiné aux membres de la Plateforme d'Intelligence territoriale a
rassemblé une liste non limitative de 48 variables pertinentes qui constituent
le système des territoires wallons. Ces variables ont fondé la construction de
trajectoires (voir
ce terme)
de développement associées à des configurations territoriales existant en
Wallonie.
Contextualisation
Tout comme pour
la finalité, le mot « vision » n’apparaît pas dans le SDT. Il faut cependant se
souvenir que, parmi les commentaires formulés à l’égard du projet de SDER de
2013, plusieurs avis soulignaient l’absence d’une vision explicite du
développement territorial exprimée par le document. Dans la mesure où la volonté
du Gouvernement wallon reste d’inscrire le Schéma de Développement territorial
dans une orientation prospective, la notion de vision paraît devoir être
mobilisée. Le concept de vision est par ailleurs mobilisé à plusieurs reprises
dans le SDER même si celle-ci figure de manière plus implicite qu’explicité dans
le document.
Définition
Une vision est une
image partagée et décrite en termes précis d’un futur souhaité [1].
Commentaire
La vision se
construit collectivement et indique un cap à atteindre de manière volontariste,
à un horizon de long terme vers lequel il faut non seulement tendre, mais
résolument converger.
La
vision est constituée de finalités (voir ce terme) et d’objectifs
(voir également ce terme) qui peuvent indiquer cette direction à long terme et
qui doivent guider la stratégie collective des décideurs politiques, des parties
prenantes et des citoyens. Ces acteurs, dans le cas d’un schéma de développement
territorial, sont particulièrement nombreux.
Selon Michel
Godet, une vision prospective peut être composée de quatre éléments : les
finalités, des projets majeurs qui dessinent le futur, un système de valeurs
partagées qui lient les parties prenantes et qui vont leur permettre de gérer
leurs différences, une volonté collective d’atteindre des objectifs renvoyant à
l’expression de la cohésion des parties prenantes et de leur détermination à
s’investir dans la construction d'un avenir commun.
Comme on l’a
évoqué, dans le cas d’un schéma de développement territorial, la vision faire
l'objet de l'appropriation la plus large par les acteurs du territoire C’est un
texte qui peut être court, devrait être percutant, mobilisateur mais aussi
ouvert quant aux modalités d’actions qu’il invite à adopter et quant à la ou aux
stratégies à mettre en œuvre.
La vision
répondra en termes de futurs souhaitables aux enjeux de long terme identifiés
dans la phase exploratoire de la réflexion et proposera des réponses à ces
enjeux sous formes de finalités. L’organisation d'ateliers de prospective, de
tables rondes ou de forums plus larges permet d'aborder chacun des enjeux
identifiés sous forme de questions appelant des réponses (les souhaitables)
structurées à l'horizon temporel déterminé. Les principes contenus à l'Article
DI;1. du CoDT devront structurer cette vision.
|